Crédit Photo @Swannie Robert
Voilà bientôt deux ans que j'ai quitté mon pays d'origine, la ville où j'ai grandi, les gens que je connaissais, les rues que je traversais, les lieux que je côtoyais.
Deux ans et des années de travail personnel derrière moi qui m'ont permis de faire le pas.
De prendre le risque.
De vaincre la peur et de faire confiance à cette voix intérieure qui me disait:
"Vas-y vas-y! c'est le moment, c'est maintenant."
Ce risque, bien d'autres l'ont pris avant moi.
Pour beaucoup, cela semble encore de la folie.
Pour d'autres, c'est la porte d'entrée vers une plus grande connaissance de soi.
Un voyage intérieur à la rencontre de son unité.
Ici ou là.
Pas à pas.
Tout quitter pour mieux se rencontrer?
Vouloir consciemment perdre ces repères dans un monde qui prône avant tout la sécurité matérielle et affective peut paraître totalement incompréhensible voire saugrenu.
D'autant plus saugrenu que passé un certain âge, il semblerait plus responsable et raisonnable de répondre aux diktats imposés par la société et appréhender un certain nombre de comportements et de réalisations personnels soit disant adéquates.
En d'autres termes, de suivre à la lettre à ce que la société considère comme "bon pour nous" de vivre, sans même prendre en considération l'être que nous sommes.
A sa décharge, il est vrai qu'il faut un certain courage et une détermination de fer pour passer outre nos conditionnements inconscients afin de faire face à notre vraie nature, avec tout ce qu'elle comporte de sublime et de merveilleux, mais aussi de vil et parfois détestable.
Apprendre à se connaître, à se détacher d'une personnalité d'emprunt, et devenir son propre guide, nous demande en effet de nous aventurer dans nos ténèbres afin d'y découvrir notre lumière. C'est un long cheminement de guerrier en solitaire, parfois pacifique, parfois redoutable dans sa violence, au cours duquel nous rencontrons maints obstacles, intérieurs comme extérieurs, jusqu'à ce que nous nous accueillons pleinement et avec bienveillance.
Découvrir ses aspirations profondes, se reconnecter à soi-même et à ses rêves, accueillir ses émotions, écouter ses sentiments, agir en fonction de ses propres besoins et désirs, créer une réalité qui nous ressemble... que nous soyons accompagnés ou guidés par une tierce personne, tout cela procède d'un travail de fond en conscience qui ne peut s'opérer si l'on court après des chimères imposées par le plus grand nombre, dans le plus pur aveuglement qu'est la peur de se découvrir et de prendre l'entière responsabilité de sa vie.
Mais alors, est-il vraiment nécessaire de tout quitter pour mieux se rencontrer?
"Tout commence par une interruption"
Ce voyage intérieur est une aventure personnelle à laquelle chacun est libre de répondre comme il l'entend. Il n'y a pas de recette miracle ni de stratégie particulière si ce n'est la volonté et le besoin de découvrir ce que signifie l'amour de soi.
Tout quitter pour mieux se rencontrer procède parfois d'une nécessité absolue, d'un instinct de survie, d'un temps de repli pour aller puiser au fond de soi des forces insoupçonnées et s'éveiller à une autre dimension de son être.
Il est toutefois important de garder à l'esprit que quitter ce que l'on connait déjà ne doit pas être une fuite, mais bien la continuité d'un processus personnel pour nous élever à une plus grande conscience de nous-mêmes et du monde qui nous entoure.
Rien ne pourra nous être révéler, ici ou ailleurs, si nous n'avons pas conscience de nos propres mécanismes de défense, de nos conditionnements, de nos peurs, de nos bagages, de nos blessures profondes et de notre ombre.
Dès lors, que nous décidions de quitter un pays pour un autre, de partir faire le tour du monde, de s'imprégner d'une autre culture, d'une autre langue, de vivre plusieurs mois en autarcie isolés de la foule, d'escalader les plus grandes chaines montagneuses d'Europe, de rencontrer des communautés d'indigènes... tout cela vient de notre capacité à faire des choix qui nous ressemblent à un moment où nous en avons le plus besoin.
Aussi effrayant que cela puisse paraître pour certains, ces sauts dans l'inconnu sont de précieux alliés et de fidèles enseignants car ils nous mettent au défi de devenir maître de notre destin, libérés des injonctions et des "qu'en dira t-on", et de prendre un temps pour soi.
D'appuyer sur le bouton "stop".
De faire une pause.
En effet, trop nombreux sont ceux encore qui court après le temps en oubliant que celui-ci n'existe qu'au présent. Qui cherchent désespérément à combler un "vide" intérieur dans une course effrénée à la consommation de biens en tout genre, de personnes, ou de relations.
Or le vide est ce silence qui nous permet de nous connecter à nous-mêmes et à l'univers.
Et nous ne pouvons pas avoir accès à notre être dans son unicité si nous ne nous arrêtons pas délibérément un instant pour écouter ce qu'il a à nous dire.
Ce temps pour soi est donc crucial si ce n'est vital.
Il est la clé de voute de toute connaissance de soi, de toute prise de conscience et d'éveil.
Il est le Gardien de nos aspirations les plus profondes, le miroir de nos rêves, l'écho de notre âme.
Il est l'ami qui nous veut du bien et la voix qui nous murmure les possibles les plus fous.
Il est la réponse aux besoins de notre être, sa transformation, son renouveau.
Cet arrêt, nous en avons tous fait l'expérience ces deux dernières années.
Comme un passage obligé, l'Univers et la Nature nous ont lancé peut-être le plus grand défi de nos vies. Celui de nous arrêter pour plonger au coeur de nous-mêmes, nettoyer les scories, labourer la terre, planter de nouvelles graines et laisser fleurir une plus grande conscience individuelle et collective au sein même de nos êtres.
Ainsi, changer de route, de direction, prendre des sentiers, naviguer, s'envoler, faire face à l'inconnu, accueillir l'incertitude.
Prendre le risque de faire le premier pas. Faire confiance à son intuition.
Se rencontrer. Rencontrer l'autre. Les autres.
Et découvrir l'amour de soi.
Seul.
Mais ensemble.
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